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3 · Enregistrement


enregistrer pour comprendre
« Dans le cas de la photographie par exemple, [la reproduction technique] peut faire ressortir des aspects de l'original qui échappent à l'oeil et ne sont saisissables que par un objectif librement déplaçable pour obtenir différents angles de vue ; grâce à des procédés comme l'agrandissement ou le ralenti, on peut atteindre des réalités qu'ignore toute vision naturelle. » Walter Benjamin, L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique.

La capacité technique à conserver le résultat d'une mesure au fil du temps permet de le réinterpréter, de comprendre différemment le phénomène original (ou de le comprendre tout court). Par exemple l'avènement de la chrono-photographie, dont la paternité revient à l'astronome Jules Janssen et ici illustrée par une série de photos de Muybridge, a permis de décomposer et décrire le galop du cheval plus exactement que n'avaient pu le faire le cerveau et l'oeil nu jusque-là, et ainsi de remettre en question la représentation séculaire de la course du cheval, telle que par exemple Géricault la perpétue dans sa “ Course de chevaux ”, en 1821.

un objet sans support
Une capacité nouvelle de réinterprétation du signal, très efficace, est arrivée avec le capteur photo numérique. En effet les étapes de l'acquisition de la lumière par le capteur et de l'enregistrement de l'image sont séparées dans la chaîne de traitement de la photographie numérique, ce qui autorise par exemple la production instantanée de plusieurs formats d'une même photo (classiquement les appareils du marché proposent 4/3, 16/9), puisqu'elle n'est pas définitivement impressionnée sur un unique négatif immuable (ou juste dégradable). Ou mieux, ce qui autorise l'analyse de ses propriétés de luminosité, couleurs... L'enregistrement est ainsi indépendant d'un support. L'image est désincarnée. Elle est objet autonome, n'existe que lors de son itération à la surface d'un écran.

le retour de la “ saleté dégoûtante ”
Enfin, une dernière constante de l'enregistrement numérique mérite d'être prise en considération : la compression, soit le ‘re-calcul’ de l'image numérique, qui permet d'utiliser une quantité d'informations codées moindre que pour l'original brut issu du capteur pour couvrir une même surface de pixels finaux. Cette opération n'est pas sans conséquences plastiques sur l'image finale, aussi minimes soient-elles. Et comme la compression de type JPEG est inhérente à 80% des prises de vue numériques, elle est incontournable dans notre dissection.

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